Promenade en solitaire [libre pour 1 personne]

Bartleby aimait plutôt bien cet endroit. Peut-être était-ce par le côté macabre que le rocher en forme de crâne offrait, par le calme qui y régnait ou pas l'absence de toute chose vivante. Le fait est qu'il s'y rendait de temps en temps, pour s'isoler et être loin de l'agitation du port. La il était libre et même les voix qu'il entendait appréciaient ce lieu. Elles semblaient plus appaisée ici, plus silencieuse et moins agressive. Il ne se sentait pas oppressé.
Bartelby s'était donc rendu ici seul, sur une barque qu'il avait accroché, à l'intérieur du rocher, et s'était posé sur le sol quelque peu humide. Enfin de la tranquilité, de l'ombre et un air frais. Il espérait ne pas être dérangé par une quelconque présence...

Bartleby Ҩ Lilith

« Promenade en solitaire.  »  

Doux son de quelque chose qui avance dans l'obscurité. Ruissellement semi-silencieux de quelque chose qui plane au-dessus des têtes. Surprise, un peu curieuse, Lilith se redresse légèrement et scrute en haut avec appréhension. Au loin, elle parvient à distinguer la forme sombre et arrondie d'une barque qui lentement glisse sur l'eau. Elle sourit, la sirène. Voilà bien longtemps que personne n'a eu la curiosité de venir par ici au moment même où elle y était de passage. Doucement et à la manière d'une murène, elle ondule, glisse et effleure la roche du sol marin. Patiente, elle suit lentement la braque qui pénètre à l'intérieur du rocher du crâne et sans aucun son, elle y pénètre à son tour, toujours aussi intriguée. Qui vient là troubler sa quiétude sereine ? Qui vient-là lui rappeler qu'il existe de la vie sur cette île ? Toujours aussi discrètement, elle passe sous la barque maintenant immobile et l'effleure de sa nageoire. Étrange chose que de constater qu'il n'y a déjà plus personne dedans, elle qui aurait tant souhaité faire chavirer l'embarcation. Lentement, elle prend le temps d'observer le jeune homme, sur la terre ferme, semblant profiter du silence des lieux. Un jeune homme. Voilà bien longtemps qu'elle n'a plus eu l'occasion de se divertir avec l'un d'entre eux. Son cœur blessé se serre alors que plane sur elle l'ombre d'un amour parti sans un mot. Si elle avait pu le noyer pour s'en venger, de ce monstre sans cœur !.. Furieuse, elle s'agite sous l'eau, provoquant de légères vagues à la surface. Agacée, elle hésite, nageant rapidement d'un point à l'autre du crâne évidé comme si cela pouvait réellement l'aider à réfléchir. Pourtant, la curiosité l'emporte sur la douleur et délicatement, elle sort la tête de l'eau. Elle l'observe d'abord sans un bruit, l'âme qui lui fait face. Elle se contente de le contempler, imaginant combien de personnes il a dû faire souffrir dans son existence puis finalement, elle se rapproche. Sourire narquois et taquin se dessinant sur ses lèvres, elle s'accoude légèrement au rebord des roches humides faisant office de sol à ceux qui ne peuvent nager.

« Bonjour toi ! »

Voix aguicheuse, voix enfantine, presque mielleuse, plusieurs tons viennent se superposer alors qu'elle l'aborde finalement, ce jeune homme explorateur. Sa queue ondulant doucement sous l'eau, elle se prépare pourtant à faire ce qu'elle aime tant. Penchant la tête légèrement sur le côté, elle le dévore du regard. Il serait tellement bien, à dix mille lieux sous les mers, enseveli par l'eau et pétrifié à jamais. Si seulement elle pouvait l'emporter, si seulement elle pouvait s'amuser. Si seulement elle pouvait l'oublier, lui.

- Bonjour toi !

Bartleby ne l'avait pas vu ni entendu venir. Il se retrouvait à présent devant une sirène. Il pouvait apercevoir la queue de la sirène sous les légères ondulations qu'elle provoquait sur la surface de l'eau. Dans la crique, ainsi éclairée elle avait quelque chose de morbide. Bartleby la trouvait attirante... non, plutôt hypnotisante. Il se doutait bien que c'était en grande partie dû au fait qu'elle était sirène.

- Salut.

Il observa rapidement les alentours, s'assurant qu'il n'y avait personne d'autre aux alentours.
Dans la barque à bord de laquelle il avait embarqué jusqu'ici se trouvait trois ou quatre rats venus du port. Deux d'entre eux sortirent, marchant le long de la corde qui retenait la barque au rocher. Ils vinrent près de Bartleby, assis sur le rocher humide, face à la sirène. Bart lui avait un peu de mal à détourner son regard de la créature, à la fois intrigué et méfiant. Après un petit moment de silence à se regarder droit dans les yeux il prit la parole.

- Que me vaut le plaisir de votre visite ?